jeudi 15 décembre 2011

danser l'espace






http://vimeo.com/33443700

Cette vidéo me rapelle l'enlèvement des Sabines de Nicolas Poussin,1637-1638. Les spectateurs sortent d'un côté et de l'autre de la salle de projection, rapellant la dynamique de construction du tableau.

jeudi 27 octobre 2011

"Comment voir la photo ?"

Photographies, sculptures du temps par Regis Durand ; Art Press n.108, novembre 1986.(p. 14, 15, 16, 17)
"l'impossible transgression de sa dimension plane, le désir de faire volume, objet à trois dimenssions (...)De quelles manières, par quels dispositifs, se figure dans la photographie ce désir impossible de volume."p15



Icônes de Pascal Kern. "Les fragments de sculptures photographiés du dessus, en plongée, semblent émerger, "monter" de la surface de l'image."



Les trois Grâces, 1985 par Kiuston Hallé, "le fantasme d'un corps à la solidité et à l'intégrité formelle de la statuaire classique."


Pierre Mercier : "photos et installations dans l'espace, par le travail sur le cadre, le socle, la distance au mur..."
Statue du mineur, 1981, 3 tirages cibachrome à partir de diapositive projetées 40,5x30,5cm chaque, Musée des Beaux arts de Calais.

L'épreuve de lecture, 1983, 9 épreuves papier noir et blanc, 96,5x94 cm, Collection F.R.A.C. Aquitaine.

N.E.W.S. 1987, 4 séries de 2 éléments : ciel : cibachrome, verre, fer, 105x91x4,5 cm, chaque, console : fer poli, cire, graphite, 115x35x13,5 cm, chaque, Musée Réattu, Arles en Provence.


"Car il y a dans la photographie contemporaine une relation qui ne passe plus par le seul regard (frontal,linéaire) mais aussi par le sens du volume et de l'espace, du rythme- quelque chose de l'ordre du tactile (...) toucher du regrard qui suppose une vision rapprochée mais en même temps maintenue à distance et protégée par sa planéité même." p17

mercredi 26 octobre 2011

Platform



Extraits du film Platform de Jia Zhang Ke, 2000. Des scènes improvisées par une troupe de théâtre mobile. Une vie de terrain et de conviction. Chaque spectacle est un nouvel élan dans l'avancée du film.

Étudiant en peinture à l'Ecole des beaux-arts deTaiyuan, Jia Zhangke publie un premier roman en 1991. Il entre ensuite à l'Université de cinéma de Pékin, où il fonde un « groupe du film expérimental », considéré comme la première structure de production indépendante en Chine. Issu de la sixième génération de cinéastes chinois dite « underground », il a reçu de nombreux prix dans les festivals de films internationaux.

Les films de Jia Zhang Ke se caractérisent par un réalisme très accentué, trouvant ses thèmes dans la vie quotidienne des zones semi-urbaines de Chine, où il plante l'envers du décor d'une Chine largement mystifiée par le cinéma chinois grand public. Cela explique qu'il soit apprécié en Europe et quasiment inconnu du public chinois.


vendredi 21 octobre 2011

Photo in progress

Les pièces sont triées par couleurs et les détails, plus facilement repérables dans la masse sont recomposés comme point de départ. La table noire matérialise le cadre de la photo à fond perdu.

mercredi 19 octobre 2011

Images sources

L’Iconologie (science des images) est une discipline associée à l'histoire, à l'histoire de l'art, à l'esthétique et à la communication, qui place les œuvres qu'elle étudie dans une perspective sociale et historique, s'interrogeant sur ses conditions de production ainsi que sur le message qu'elle était susceptible de véhiculer en son temps. Cette discipline a été fondée par Erwin Panofsky.(http://fr.wikipedia.org/wiki/Iconologie)

Aby Moritz Warburg (1866 à Hambourg, Allemagne-1929) est un historien de l'art . Son travail a servi à jeter les bases de l'iconologie. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Aby_Warburg)

mardi 18 octobre 2011

Traitement de l'image


Bâche de chantier plaquée au moyen de liteaux de bois cloutés. Entre décor urbain et cache misère. Bâche réutilisable, la verdure imprimée comme un esapce d'aération dans la ville. Un paysage de campagne, aussi pour différencier des publicités de promotion immobilière imprimées dans les même proportions. Paysage = rien à voir, rideau muet devant lequel on passe sans regarder.




Décrochage d'une photo sur bâche dans la rue en Chine. La frontalité de l'image qui met à distance le spectateur n'a pas fait un plis sous le cutter des ouvriers. Un amusement entre les deux hommes se percevait avant l'action mais le geste de coupe en reste raisonnable. Une retenue, peut être due à ma présence remarquée.


samedi 15 octobre 2011

Les copains

Thomas Struth, Audience
"I think that my switch to photography from painting, for example, came because I realized that i was more interested in working on things that resided out in the world, and were not restricted to my own psychological field. I realized I was more of a social and political person, and that I was more fascinated by analytical processes."

Françoise B Johnston, 1899




Dehors est la ville, Edouard Hopper de François Bon éditions Flohic,1998


New York Office, 1962, huile sur toile, 101,6x139,7cm, Montgomery, Montgomery Museum of Fine Arts, collection Blount.


Office in a Small city,1953, huile sur toile,71,1x101,6cm, New York, Museum of Modern Art, fonds Georges A. Hearn, 1953 (53.183)


P27 : « Ce qui est peint de la ville c’est cette séparation. Le temps de la ville est clos et arrêté, ne dépend que des pans de murs monochromes, et la suspension ouverte du temps c’est le corps qui la crée, ici dans la petite ville, devant l’architecture géométrique d’une usine, un homme immobile lève les yeux sur le ciel, ou dans le noir de la boutique au soir sur la rue illuminé, saignée sombre dans la ville très haute et paradoxalement vide. »

P49 : « …inventer le récit sur la seule figure d’un instant immobile, et qui déborde par cette proximité de l’intime, qui semble gagner donc par imprégnation la totalité de la surface de la toile. »

P61 : « …parvenir à tenir récit sur un seul instant suspendu, et que dans cette suspension la géométrie passive de la ville se fasse forme et langage. »

« Par la ville étrangère s’impose la scène même où on sait que le travail surgit plus fort que vous, où vous-même êtes l’outil de votre discipline et pas le contraire. »




Valérie Jouve, impressions ecran du défilement de photos sur le site personnel de l'artiste.

mardi 11 octobre 2011

Hors jeu





Crédit photographique : Léa Pagès, série de photos effectuées en Chine, septembre 2011.

Se situer au même endroit mais hors du dispositif de travail d'une équipe. Le périmètre de travail est délimité de manière invisible et la photo en détermine les contours. Exclue, rejetée par les regards interrogateurs et suspicieux; prise en flagrant délit de m'intéresser à mon environnement direct.

jeudi 1 septembre 2011

Collecte de données et esthétique


The Curtis Project, un film réalisé par Bertrnd Ferriot, produit par Global Med

"Edward Curtis, photographe américain, a construit une oeuvre originale et forte en photographiant uniquement les indiens d'Amérique du Nord. Entre 1900 et 1930,il parcourt pendant 30 ans les réserves indiennes avec pour but de faire un inventaire photographique complet des tribus indiennes et de leurs différentes cultures. Il publiera ce travail, financé par le banquier J.P. Morgan, dans une édition de grand luxe dont il ne vendra que 300 exemplaires. Son travail, longtemps oublié, sera découvert dans les années 60 et réédité depuis de manière fragmentaire."

"Edward Curtis à le même regard que les gens qu'il a passé sa vie à photographier, il s'est fondu en eux."




vendredi 26 août 2011

Niveaux de lecture


En hauteur:
Toulouse, 2011, Statue Pierre Paul Riquet. Sur leurs piédestals, les statues sont faites pour être vues en contre plongée. A leur niveau, un ordre des choses différent apparaît, aérien, dépeuplé et silencieux.

En profondeur:
Shanghai, 2010, Hengfeng Road. Confusion . Des palissades de chantier aux allures de décors de scène animés par le passage des piétons. La taille des arbres permet le passage de la 2D à la réalité. Les constructions en chantier parraissent au final plus iréel que les images, à cause de leur aspect démeusuré.

dimanche 24 juillet 2011

En scène !

Extraits du chapitre "il était une fois" de " La photographie dans l’art contemporain", par Charlotte Cotton, édition Thames & Hudson l’univers de l’art

« Ce chapitre aborde la manière dont la narration est utilisée dans la photographie contemporaine (…)

Ce champ de la pratique photographique est souvent appelé « photographie-tableau » ou « tableau-photographique », car le récit y est concentré dans une seule image, laquelle est autonome. A la différence dans des romans-photos et autres essais photographique publiés dans les magazines au milieu du siècle dernier, forme caractérisée par un récit qui se déroule sur une séquence d’images, les photographies reproduites ici ont pour point commun de contenir chacune l’intégralité d’un récit, et ce même si elles font, comme c’est le cas pour la plupart, partie d’une série. Il est possible de considérer la photographie-tableau comme l’héritière de l’art photographique, et plus précisément de la peinture figurative des XVIIIème et XIXème siècles, étant donné qu’elle repose elle aussi sur le fait que le spectateur est culturellement capable de reconnaître un ensemble de personnages et d’accessoires comme formant un moment significatif d’une histoire. Il ne faut pas croire pour autant que cette affinité de la photographie contemporaine avec la peinture figurative est le résultat d’un mimétisme aveugle ou d’un désir de faire revivre cette forme. Elle témoigne en revanche d’une même volonté de comprendre comment une scène peut être construite de façon à ce que le spectateur reconnaisse qu’une histoire lui est racontée (...)








Passerby, par Jeff Wall, 1996

Wall crée une tension entre l’apparence de cette photographie, qu’on croirait prise de façon instantanée, et le véritable processus qui a conduit à son élaboration, qui repose sur la conception et la construction de l’ensemble de la scène(...)

Il est intéressant de noter que cette démarche qui consiste à concentrer toutes les énergies en vue de la réalisation d’une seule image contribue à remettre en question le mythe du photographe solitaire car dans la mesure où il fait appel à des acteurs, des assistants et des techniciens pour obtenir son tableau photographique, il n’est plus l’unique créateur de l’œuvre mais davantage l’orchestrateur d’une équipe : l’équivalent d’un réalisateur de films dont l’imagination exploite une multiplicité de fantasmes et de réalités.

La photographe américaine Sharon Lockhart (née en 1964) mêle la photographie documentaire, en tant que représentation directe d’un sujet, avec des éléments qui nous amène à douter de cet aspect documentaire. Dans une série de photographie représentant une équipe japonaise de basket féminin, elle joue avec l’équipe entre faits et fiction, cadrant des figures isolées ou des groupes de joueuses, puis éliminant autour d’elles une partie du contexte de sorte que leurs mouvements et le jeu lui même deviennent abstraits. Dans Group#4 : Ayako Sano, elle a isolé l’attitude quasi chorégraphique d’une joueuse de façon à ce que son geste soit réduit à sa plus simple expression : mouvement de danse que la photographe aurait pu lui demander d’effectuer. Le doute s’insinue dans la signification même de l’image, venant subvertir les règles du jeu et la fonction documentaire de la photographie.








Group#4:Ayako Sano



L’un des moyens visuels fréquemment utilisés dans la photographie-tableau pour susciter l’anxiété ou l’incertitude quant à la signification d’une image consiste à représenter des personnages qui tournent le dos au spectateur. Dans la série de Frances Kearney (née en 1970) intitulée Five People Thinking the Same Thing, cinq individus sont ainsi photographiés en train de vaquer à des occupations banales dans des intérieurs dépouillés. Les pensées qui préoccupent ces personnages dont on ne connaît pas l’identité ne sont pas dévoilées, ce qui permet au spectateur d’échafauder ses propres hypothèses à partir de représentation à la fois simples et subtiles des gestes et de la maison des personnages.








Five People Thinking the Same Thing

Dans March 2002, Hannah Starkey (née en 1971) utilise ce même procédé pour donner à une femme assise dans une cantine orientale un air surréaliste et mystérieux. Les lectures possibles du personnage vont de la citadine sophistiquée attendant un rendez vous à une créature plus imaginaire, dont la longue chevelure argentée se déploie telle celle d’une sirène tout droit sortie de la scène aquatique peinte sur le mur. On a le sentiment que les photographies mises en scène par Starkey ont été obtenues à partir d’observations personnelles, les a enjolivées et transformées en subtiles fictions photographiques ponctuées de fantastique. Dans ses photographies comme dans celles de Kearney, le spectateur ne dispose pas d’assez d’informations pour faire du caractère des personnages le point central de l’image. En revanche, le sens se construit à partir des liens que nous tissons entre le lieu, les objets et la personnalité possible des gens dépeints. La mise en scène qui les entoure est le seul indice permettant de cerner leur personnalité.







Untitled

vendredi 22 juillet 2011

Lectures alternatives

C'est l'illustration physique de la construire d'un raisonnement.
En premier lieu... Dans un second temps... En d'autres mots...Cependant...D'une part... d'autre part... Enfin... Finalement

jeudi 14 juillet 2011

L'hypothèse photographiquement parlant

J’aurais pu être sportif de haut niveau…

Souffle, rythme, course, étirement, forme, pulsation, épuisement, transpiration, joie, décompression, rigueur, équilibre, survêtement, muscles, échauffement, dynamisme…

La photographie c’est comme un sport nécessitant un entrainement intensif : manipuler des appareils de poids divers, travailler la dextérité de l’indexe déclencheur, ainsi que l’échauffement du coude porteur. La souplesse du corps est un paramètre déterminant dans l’implication physique du photographe. La légèreté de certain appareil photo numérique, engendre des positions improbables en vue d’obtenir un cliché singulier. Plus la contorsion est complexe, plus le cliché prendra de la valeur. C’est ainsi, qu’à certains endroits touristiques, à proximité de la Tour Eiffel en été par exemple, nous pouvons assister à une chorégraphie improvisée, un bal du numérique.

La photographie est « …un sport de luxe que l’on pratique à prélever des petits bouts de vie sans rien tenir dans ses mains. »p35, (1). Valérie Jouve remet en question l’authenticité de sa propre activité. Elle met en évidence, le paradoxe entre l’investissement intellectuel dans le travail photographique et les moyens mis en œuvre pour parvenir à un résultat de qualité. C’est une sorte de mise en garde contre le dopage des photographes du à un suréquipement produisant des images esthétisantes. Lorsqu’un sportif gagne une compétition, il fait de la pub pour l’équipement qu’il portait lors de cet événement. C’est aborder par là, la question du mérite. « Avec le même appareil photo, je peux faire pareil ! »

Pratiquer la photographie en tant qu’artiste, c’est s’approcher du style de vie d’un athlète sportif. Toute l’année, il s’agit d’approfondir la technique, ou du moins la maîtrise de son programme de travail pour le tester lors de concours, dont la victoire est fondamentale pour commencer une carrière, être connu et reconnu. Si le sportif (photographe) n’arrive pas à un niveau de performance reconnu, la reconversion est souvent incertaine et rude. C’est à ce moment là que la souplesse et la flexibilité rentrent en jeu. « Vous êtes dotée d’une incroyable capacité à mesurer les risques ainsi que les conséquences de vos actes. » Voilà le bilan de mon niveau d’audace selon un test sociologique d’un magazine féminin. Pratiquer la photographie (le sport) est une manière de se préparer à affronter la dureté de la vie.

Notre regard est éduqué en même temps que notre capacité d’analyse du quotidien. Si nous parlons en terme d’objectif, l’important c’est le mental : la faculté de distanciation et de prise de recul sur toutes sortes de situations, soit les traits du parfait travailleurs: « Dans les représentations actuelles, l’artiste voisine avec une incarnation possible du travailleur du futur, avec la figure du professionnel inventif, mobile, indocile aux hiérarchies, intrinsèquement motivé, pris dans une économie de l’incertain, et plus exposé aux risques de concurrence interindividuelle et aux nouvelles insécurités des trajectoires professionnelles. »p1, (2) C’est un sport individuel où la mise en place d’une stratégie est subjective et laborieuse car elle vient à force de travail et de multiplication d’expériences. Le risque pour un photographe surentrainé c’est de ne plus se frotter aux risques et de se conforter dans la systématisation d’un travail qui marche. C’est le piège de la société de consommation, autrement dit la contre-performance du sportif « Je suis tellement dans le faire, qu’il m’est difficile de trouver le temps pour le recul et la réflexion. » P54 : « Si je deviens trop dirigiste, je rate en voulant quelque chose car je me regarde moi. » p49, (1) Le tout est d’arriver à garder une honnêteté dans sa ligne de conduite. Ici, la photographe a conscience de ce danger et se laisse faire jusqu'à un certain point. L’écriture est une étape nécessaire à l’avancée du travail. C’est une manière de conserver l’esprit sportif : le goût de l’effort et l’humilité.

A la longue, le photographe se professionnalise et acquiert des automatismes, son œil est éduqué à voir, à repérer les scènes qui l’intéressent. « …l’exigence première est de photographier les choses comme elles sont (…), la volonté d’accepter le monde tel qu’il est, de ne rien changer au motif tel qu’il se présente à l’appareil(…)p16, (3) Autrement dit la recherche de l’authenticité ouvre les voies vers le podium.

J’aurais pu être médecin…

ausculter, prescrire, questionner, conseiller, diagnostiquer, traitement, maladie, médicament, contrôle, patient, fatigue, 22euros, ordonnance, symptôme, rendez vous, bureau, protocole, santé, prévention, raisonner, écouter

Etre photographe c’est jouer le rôle du médecin. Regarder, écouter, analyser, en tirer des conclusions ou des hypothèses. Par définition un médecin est chargé de soigner les maladies, pathologies, et blessures de ses patients. Il est intimement lié avec d'autres professionnels de la santé comme le pharmacien ou l'infirmier ou le dentiste. Tout comme l’artiste est lié aux galeristes, au commissaire d’exposition ou aux entreprises de fabrication. Le photographe pratique la médecine intuitive. Il construit une description du réel de manière à s’orienter, se positionner et agir. A défaut de diagnostiquer une maladie, il cherche à comprendre les enjeux de la société. Il synthétise l’expérience du monde en l’objectivant et gratuitement…

Il y a celui qui fait des visites à domicile, qui va à la rencontre du sujet ; et celui qui consulte sur place, soit un photographe en studio. Le stéthoscope est l’appareil photo du médecin. Il permet d’extérioriser ce qu’il se passe à l’intérieur du corps. Ce sont des outils de travail pendu au coup qui permettent d’établir un lien entre le sujet et l’osculateur. L’approche photographique de Valérie Jouve et une approche scientifique.« A la manière de l’enquête sociale, par laquelle elle est venue à la photographie pendant ses études d’anthropologie, croisant les modes d’approche et d’adresse, conjuguant méthode quantitatives et approches plus singulière, cette dernière utilise nombre de possibilités de l’image documentaire : les figures, les passants, les parcours, les sorties de bureau désignent dans leur approche sérielle des types plutôt que des individus. »(1) Son art émane de sa capacité à saisir le moment de suspension fragile dans l’improvisation de ses acteurs devant son objectif. Comme si toute la composition s’écroulait, après l’action de l’indexe sur le déclencheur. C’est là, une précision de chirurgien qui est demandé, sauf qu’au lieu d’une vie, c’est la réussite d’un cliché qui est en jeu. Henri Cartier Bresson dit : "la joie pour moi, c'est le réflexe immédiat devant le sujet qui disparaît" "si on veut, on a rien, il faut être disponible, réceptif"(4) Le regard aiguisé, l’expérience et la distanciation, tels sont les critères d’évaluation d’un bon photographe.

Tandis que le médecin délivre une ordonnance à son patient, indiquant la marche à suivre d’un traitement, le photographe choisit et se positionne par rapport à son sujet. En réalité, les deux démarches sont ancrée dans l’incertitude : le patient refusera peut être de suivre les indications, et le sujet (paysage, humain, abstrait) ne se pointera peut être pas au rendez vous. Edouard Boubat dit : « Il y a des photos qui m’attendent partout, il suffit que j’aille les pécher »(4) Médecins et photographes doivent faire preuve d’une grande attention à tout symptôme apparent ou supposé. Pour l’un c’est un devoir, pour l’autre c’est une nécessité. Il s’agit d’une vocation, un engagement entier et sincère qui sort de l’ordinaire.

Il arrive que le médecin recours à la photo pour étudier l’état ou l’évolution d’un mal. Ces clichés sont totalement objectifs. Ils n’ont de sens que de pouvoir être analysés selon un protocole scientifique précis et normé. Il arrive à Valérie Jouve de travailler en série, non pas pour saisir une évolution mais plutôt pour établir un constat primaire sur l’humain.« Cette forme typologique, dans laquelle chaque individus est dès lors envisagé comme un spécimen, se trouve accentué parfois par le recours au détourage des corps : l’isolement sur un fond neutre et identique de chaque silhouette renforce l’approche comparatiste. »(1) Accrochées dans un White Cube, ces photos prennent tout leur sens. L’espace prend alors l’aspect d’une salle d’opération aseptisée, ou chaque photo prend l’air d’un patient sur le mur d’opération. Certains clichés occupent une salle d’attente, d’autres, sont isolées, mis en quarantaine. Ils constituent les symptômes du monde extérieur. C’est le double aspect de la visite d’exposition d’art contemporain : le côté mondain culturel, et l’autre côté : l’exposition d’un état du monde qu’il est facile d’oublier de considérer.

Un bon technicien, n’est pas forcément un bon photographe. L’art contemporain se caractérise par l’indécision. Quand un traitement ne marche pas ou engendre des effets secondaires, cela peut donner des indications au scientifique sur la nature de la maladie.

Léa Pagès

(1) Valérie Jouve, En attendant, On Hold, Ed du Centre Pompidou, Paris, 2010.

(2) Portrait de l'artiste en travailleur, Métamorphose du capitalisme par Pierre-Michel Menger .

(3) Le style documentaire, d’Auguste Sander à Walker Evans (1920-1945), par Olivier Lugon, ed ; Macula.

(4) dvd Sur une idée de William Klein, CONTACTS. Les plus grands photographes dévoilent les secrets de leurs images. Volume 1 ARTE VIDEO.



mercredi 22 juin 2011

Bal photographique

La reverence avant le premier pas de danse. Le decollement du sol de la photo avant son accrochage.Tout le corps est mobilisé pour ne pas abîmer le tirage. "La valse à mille temps"

Danseur contemporain


Ce qui m'intéresse, c'est le milieu urbain, sa construction et son habitation. Je considère ma photo (à gauche) comme un échantillon prélevé dans mon environnement en perpétuelle mutation. Une photo est sélectionnée quand sa construction, sa composition me permet d'établir un lien avec d'autres disciplines ou l'histoire de l'art.
Ici, le toreador : la pose, l'esquive, la direction, la danse, la communication, le corps à corps.